Les vacances illimitées : la fausse bonne idée ?
En cette semaine de 15 août, quoi de mieux que de choisir un thème forcément d’actualité : Indeed, 1er site d’emploi mondial, a annoncé offrir à ses plus de treize mille salariés des vacances illimitées.
De prime abord, l’offre semble alléchante. Cependant, cette politique semble soulever davantage de questions sociales et légales qu’il n’y paraît.
🌿 Une question de culture
Nicolas Perroud, directeur d’Anikop, explique dans cet article de Welcome to the Jungle que c’est une question de culture. Offrir à ses salariés la possibilité de partir en vacances quand ils le souhaitent les responsabilise, leur offre une meilleure qualité de vie et rend l’organisation plus flexible. C’est un vecteur clé de confiance et de transparence.
Par ailleurs, cette politique favorise l’horizontalité des relations en entreprise car cela ôte aux managers certaines tâches administratives qui ne les mettent pas à l’aise. En effet, rien de plus désagréable que de valider ou non les congés d’une personne.
Concernant les autres avantages, Indeed vous les propose sous format liste de courses, notamment en recrutement :
😬 Unpopular opinion
Ce qui part d’un bon sentiment (et encore 🧐) soulève davantage de questions :
Sébastien Hof, psychologue du travail, l’explique dans l’article de Welcome to the Jungle précité : l’injonction « tu peux prendre autant de congés que tu le souhaites à partir du moment où le travail est fait » est une forme de pression tacite. Objectivement, le travail n’est jamais fait car on a toujours du travail.
Cela pose des questions de rupture d’égalité : imaginons un salarié prendre 2 mois de vacances. Ceux qui ont posé 5 semaines peuvent se sentir frustrés et cela joue sur la vie en entreprise.
Cela ne favorise pas l’équilibre vie pro - vie perso : la frontière des vacances étant davantage poreuse, les personnes ont tendance à travailler en vacances.
C’est juridiquement complexe : cet article du Figaro relate qu’une personne bénéficiant de vacances illimitées peut tout de même demander une compensation pour les RTT non pris.
Dans les faits, les personnes prennent finalement moins de vacances en raison de la pression. Comme on ne doit pas un certain nombre de jours à un(e) salarié(e), c’est à lui ou elle de demander. Or, c’est désagréable de valider ou non les vacances d’une personne, ça l’est encore plus de demander à en prendre.
Finalement, à la différence de la semaine de 4 jours (qui fera l’objet d’une newsletter au regard des expériences de Welcome to the Jungle et Figures), cette mesure apparaît davantage comme une action dans une stratégie de communication qu’une mesure pertinente pour la vie en entreprise.
📚 Médias que je recommande
😱 Aux Etats-Unis, les RH ont parfois des sujets de vie ou de mort à traiter. En effet, cet article montre qu’entre 2020 et 2022, il y a eu près de 500 gun incidents dans les principales chaînes de supermarché. Ça fait relativiser.
👀 Quand on souhaite mettre en place une stratégie d’analyse de données en RH, on ne sait pas forcément par quel sujet commencer. Voici 6 exemples de sujets que vous pouvez attaquer pour améliorer votre stratégie RH grâce à la data : diversité, rétention, partage de contexte avec le board etc.
💡 Le rôle des managers a considérablement évolué : de responsable, ils sont passés coach. Cet article référence d’Harvard Business Review, The Leader as Coach, décrit les avantages de cette évolution dans la progression des managés, leur capacité à résoudre des problèmes rapidement et leur développement de carrière.
✌️ Bonus track
Cette semaine, Linkedin et Twitter se sont affolés à propos du dernier investissement du fonds Andreessen Horowitz. Effectivement, Adam Neumann s’est fait connaître pour un management répréhensible avec WeWork. Parfaite illustration du droit à l’échec aux Etats-Unis.
PS : il n’empêche qu’il a révolutionné le secteur de l’immobilier de bureau.
Merci beaucoup et bonne rentrée !
Léopold Adam
CEO @Reflect, the analytics tool for HR