Au 1er semestre 2022, 470 000 Français ont quitté leur CDI.
L’une des raisons de cette “Grande Démission” est la volonté des salariés de quitter des jobs qui empiètent trop sur leur vie personnelle et recherchent davantage ce célèbre équilibre vie pro-vie perso. Cependant, est-ce que travailler moins vous rend plus heureux ?
💪 No pain, no gain?
J’ai évoqué dans la newsletter de la semaine dernière le bad buzz suite au tweet de la startup Oven : l’entreprise cherchait des candidats pour qui l'équilibre vie pro-vie perso n’était pas une priorité.
Les fondateurs de la startup ont-ils eu tort de signaler à l’avance que de travailler chez eux signifiait de longues heures de travail ?
Jack Altman, le CEO de Lattice, un logiciel RH de suivi de performance, considère qu’on ne rend pas service aux jeunes, ceux aux grandes ambitions, en leur disant qu’ils ne travailleront pas durement.
Il y a quelques mois, Brie Wolfson, une ancienne salariée de Stripe, a raconté la nostalgie qu’elle a ressentie lorsqu’elle a quitté son job dans cet article What I Miss About Working at Stripe. Là-bas, sa vie personnelle passait littéralement au second plan : les salariés restaient tard le soir, annulaient des vacances, l’environnement était extrêmement exigeant etc. Elle était dévouée à Stripe.
Ses conclusions insistent sur les effets positifs de ses “sacrifices” : une fierté, une confiance en soi et une gratitude. Jusque-là, elle ne savait pas qu’elle était capable de produire de grandes choses. Il y a un côté Band of Brothers dans son récit où elle décrit qu’elle n’aurait jamais pu donner autant sans l’aide, la confiance et l’exigence de ses collègues.
Il y a forcément beaucoup d’émotions dans le débat car, selon Kyle Harrison (venture capitalist) dans cette brillante newsletter, deux types de personnes se font face : les dévoués et les équilibristes. Les dévoués se sacrifient pour leur travail. Les équilibristes reconnaissent l'importance de l'équilibre dans les aspects de leur vie (travail, éducation, relations, santé).
⚖️ Ne pas confondre exigence et sacrifices
Ces derniers mois, beaucoup de startups dont Batch, Pigment ou Shine ont communiqué sur les avantages qu’elles proposaient à leurs salariés, notamment au sujet de la parentalité.
Les Echos en ont même consacré un article : Pigment, Batch ... ces start-up facilitent la vie des jeunes parents. Ces entreprises démontrent qu’une organisation du travail plus souple permet un meilleur épanouissement, une plus grande productivité et un meilleur engagement des salariés.
Il y a un équilibre entre exigence et sacrifice. Faire des sacrifices nécessite de prendre des décisions qui mettent en péril certains aspects de votre vie (famille, amis, passion etc). C’est l’illustration d’une culture toxique.
Cependant, travailler dans un environnement exigeant est source d’épanouissement. Brie Wolfson, dans l’article pré-cité, raconte une anecdote parlante : un de ses amis travaille dans une startup et décrit la lgtm (looks good to me) culture. La personne se plaint de ne pas être assez poussée dans ses retranchements, ne pas avoir de standards assez haut. Conséquence : "J'ai peur de ne plus jamais retrouver mon meilleur niveau."
Cas personnel : j’ai lancé Reflect alors que mon fils avait 5 mois. Pile au bon moment, vous me direz. Ce que j’ai appris de cette période :
C’est parce que ma vie de famille était préservée que j’étais plus motivé et performant au travail
Allouer des plages de temps précises (famille, travail, loisirs etc) me rend plus exigeant et donc plus efficace
📚 Médias que je recommande
Ioana Lupu et Mayra Ruiz-Castro vous proposent dans cet article Equilibre entre vie professionnelle et privée : un cycle à alimenter, et pas une fin en soi un cycle de 5 étapes qui vous aidera à avoir un meilleur équilibre entre les priorités professionnelles et personnelles.
“Nous écoutons et admirons généralement la personne qui est la plus sûre d’elle, qui n’hésite pas à prendre la parole, à se lancer dans de longs discours au lieu de faire de brèves remarques… ce qui n’a rien à voir avec une réelle capacité à diriger.” Gill Whitty-Collins, auteure du livre Les femmes travaillent, les hommes triomphent édité chez Larousse, dénonce dans cette interview de Welcome to the Jungle les aspects de la culture masculine dominante dans le milieu professionnel.
Le rôle des DRH a énormément évolué ces deux dernières années en prenant un rôle beaucoup plus stratégique. Cette mutation s’opère en fait depuis une dizaine d’années. Cet article d’HBR de 2014, Why Chief Human Resources Officers Make Great CEOs, démontre que les entreprises devraient envisager de faire appel à des DRH lorsqu'elles cherchent à pourvoir le poste de PDG.
✌️️ Bonus track
Pour les recruteurs et recruteuses qui me suivent, je vous recommande fortement ce nouveau podcast. Robin Choy est un des fondateurs de Hiresweet et un expert du sourcing. Voici le lien pour accéder à ses podcasts en ligne.
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Léopold Adam
CEO @Reflect, the analytics tool for HR